J’ai rendez vous avec vous

Les belles rencontres se jouent parfois à si peu de choses. Cinq minutes avant, ou bien après, et tout aurait été différent. Je ne savais pas, et toi non plus, qu’aujourd’hui serait notre jour. Comme le chantait si bien Brassens, « tout le restant m’indiffè-è-re, j’ai rendez vous avec vous » (pompompompom, pompompompom).

Alain et Malou ont mordu jusqu’au bout. Il n’ont pas pu comprendre que, si nous étions partis dans la mauvaise direction ce matin et avions dû faire demi tour, ça n’étais pas dû à une erreur de navigation de ma part (même si ça m’a coûté 2 Pietra). Non mais!

Je n’ai pas voulu le leur avouer: J’avais rendez vous avec vous …et ne savais ni où ni quand, mais je le sentais.

Je n’avais aucune envie de faire comme cet Esquimaux faisant les 100 pas sur la banquise, un bouquet de fleurs à la main attendant sa belle. Au bout d’un moment, il sorti un thermomètre de sa poche et dit:

« si à -25 elle n’est pas là, je m’en vais »!

Et mon calcul se révéla aussi précis que le sien puisque nos chemins se croisèrent au moment où je m’y attendais le moins, comme ça, au détour du sentier, à l’improviste! Je fus tout de suite séduit par ses grands yeux noirs d’une incroyable intensité à la fois ronds et globuleux. Et puis sa robe mes amis, sa robe! Elle portait un magnifique ensemble qui couvrait un corps parfait jusque sur ses chevilles. Véritable harmonie d’une livrée bicolore de motifs jaunes sur fond noir intense.

Cette incroyable beauté venue de nulle part allant on ne sait où, justement croisait mon chemin.

J’eu comme un flash et son nom m’apparru, et sembla se graver un instant sur ma retine. Mais l’impression fut par trop fugitive et je ne pu en retenir que les deux premières lettres: Sa! Sa? Sa?

Bien faible indice ma foi. J’avais bien connu une Safia voici quelques années, imaginé une Salomé, mais non, j’avais beau chercher, « Sa » ne me disait rien.

Puis…puis…mais non, rien. Enfin, si justement. Nous venions de faire la connaissance d’un groupe de Grenoblois « Les 7 nains » avec qui nous avions bien sympathisé depuis quelques jours. Nous nous retrouvions le soir dans les mêmes refuges et, effectivement, il y avait bien une jeune femme prénommée Sa…brina!

Mais non, quelle idée! Ça ne pouvais pas être elle! Déjà, contrairement à mon inconnue, Sabrina portait un délicat piercing. Et puis, qui aurait l’idée saugrenue de parcourir le GR20 avec une longue robe noire et jaune rangée dans son sac à dos?

Il me fallait chercher ailleurs.

Un second flash traversa mon esprit, et son nom m’apparru à nouveau mais cette fois limpide comme la rosée du matin. La belle Dame était personne rare et appartenait même à la Noblesse de l’Isle! J’avais devant moi, se déplaçant avec grâce et grande élégance, ni plus ni moins que la reine des lieux!

Madame Salamandre de Corse!

J’habite moi-même près d’un bois et il n’est pas rare de rencontrer sa cousine gasconne. Mais, si leur couleur de robe est presque identique, je trouve Madame la Salamandre de Corse bien plus élégante.

La belle prit 5 bonnes minutes pour traverser le chemin. Je la photographiais alors sous tous les angles et elle se prêta à la séance avec désinvolture. Finalement,  non sans un brin de mesquinerie, elle se retourna, jeta un dernier regard dans ma direction, et disparu alors: elle devait probablement avoir un autre rendez vous!

Et voilà comment une rencontre on ne peut plus fugitive donna lieu à cet article.

Pour le reste,  ma foi, 5 heures de marche en sous bois, même s’ils furent fort agréables, valaient bien moins qu’une si belle et rare rencontre.

A qui en douterait encore, un instant de bonheur tient parfois à si peu de choses.

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4 réponses à J’ai rendez vous avec vous

  1. Malou dit :

    Quelle belle robe ! Ça me donne envie d’aller danser mais mon cavalier est sur les sommets…

  2. gilles dit :

    Ouais et c’est moi qui danse avec lui…

  3. Nath et Marius dit :

    Bonjour, je n’ avais pas encore pris le temps de savourer la lecture de ce paragraphe. Et je me demande où était la bonne fée qui, munie de sa baguette magique, aurait sans doute pour Toi, transformé Sa… Sa… en une ravissante princesse? La Montagne serait-elle « ta Muse »? … tu évoques si bien la grâce féminine!!! (Souvenir aussi du Chap sur la danseuse). Merci pour ce rayon de soleil provenant de Corse. Biz à ts les 3.

  4. gilles dit :

    Merci Nath. On verra si j’arriverai à évoquer la grâce féminine au sommet du Mt Blanc avec Toi (entre autres) dans 6 semaines, hé hé.

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