En vallée d’Eynes

2400 mètres en moins en 24 heures, j’ai du mal à supporter la chaleur. À 220m d’altitude, Amelie les bains est caniculaire. Savez vous d’où vient le mot canicule?

Du temps des Pharaons, les égyptiens avaient remarqué que la chaleur revenait toujours au moment où, dans son cycle annuel, l’étoile Sirius faisait son apparition dans le ciel à la tombée de la nuit. Sirius étant l’étoile la plus brillante du ciel (après le Soleil bien sûr), elle était un repère évident et marquait donc le début de l’été.

Plus tard, nous avons utilisé des racines latines pour désigner le retour des chaleurs. Sirius faisant partie de la constellation du Grand Chien (Canis major en latin), la racine « canis » a été utilisée pour donner canicule. C’est marrant d’ailleurs de constater que « faire un temps de chien » veut actuellement plutôt dire le contraire. Pour la petite histoire, Sirius apparaît à présent dans le ciel d’hiver dût à la précession des équinoxes…mais je ne vais pas vous faire un cours d’astronomie quand même!

En résumé: il fait trop chaud pour quelqu’un qui n’est pas descendu au dessous de 1000 mètres d’altitude depuis plus d’un mois.

Mais voici 3 jours, ou plutôt 3 nuits, je n’aurais pas craché sur quelques degrés de plus.

Nous voici donc mardi 23 juillet et je décolle des Bouillouses vers 7 heures en direction du village de Eynes situé de l’autre côté du plateau par rapport à Font Romeu. Très intéressant durant plus d’une heure, le chemin passe près de lacs calmes, tranquilles et déserts. Le rêve comparé aux 3 heures suivantes sur des pistes larges, des routes goudronnées et des voitures. On n’est pas dans le désert de l’Atacama non plus. Heureusement, je verrais le célèbre Train Jaune qui relie la région aux plaines des PO.

Quelques courses en passant à Bolquere et arrivée à Eynes d’où je vous ai envoyé une photo et averti que j’allais tenter un bivouac.

J’attaque donc la looooongue montée de la vallée d’Eynes. Cette vallée est fameuse pour sa flore endémique particuliere car c’est une des rares orientée nord-sud. D’ailleurs, au moyen âge, la ville était dite « ville des sorciers » qui étaient en fait des gens qui connaissaient le pouvoir de ces plantes rares.

Superbe montée effectivement très verte…quand on regarde autour de soi. Mais la couleur change quand on lève la tête. Vers 15 heures ça commence à tourner vinaigre! Les premiers orages sont encore sur le Carlit à l’ouest ou vers le Canigou à l’est. Difficile de voir venir dans une vallée encaissée. Quelques gouttes m’obligent à commencer à envisager à chercher abri. Je pose la question à une personne qui redescend et apprend qu’il y a un Orri « beaucoup plus loin ». Je presse donc le pas et soudain… ciel bleu.

Sans ralentir je fini par apercevoir l’abri encore à 10-15 minutes de marche. Deux personnes tournent autour. J’atteins l’orri et découvre un couple d’anglais près à en repartir. J’ai déjà 8 heures dans les pattes et décide de rester là pour la nuit. J’ai juste le temps de faire le plein d’eau au ruisseau tout proche que la pluie commence à tomber ponctuée rapidement d’un coup de tonnerre.

J’essuierai trois gros orages mais me trouve à présent dans un abri relatif. Une grande bâche recouvre en partie un sol lisse mais en légere pente. Un bébé cheminée dans un coin… si tant est qu’il y ai un coin dans un orri rond. La porte est un trou non bâti dans le mur, suffisamment étroit pour prévenir l’entrée des animaux,  moutons en particulier.

17 heures, je commence à penser au repas. J’ai acheté des pâtes au thon mais préfère me rabattre sur de la semoule et les garder pour le petit déjeuner du lendemain. Alors, quand vous n’avez ni réchaud, ni sel, ni huile, la semoule gonflée à l’eau (très) froide est un peu, disons,  inappetante! Et les pâtes au thon au petit déjeuner, hummmm. J’en ai mangé toute la matinée… pas besoin d’un dessin.

18h30, au lit. Habillé avec tous les vêtements disponibles sauf les chaussures, dans le sac à viande et le sur sac. Mis à part quelques gouttières, l’endroit s’est avéré tout à fait convenable. Certes, sans porte, j’ai eu les pieds un peu ventilés et, même si je me suis réveillé 3000 fois dans la nuit, j’étais d’attaque tôt le matin… jusqu’à ce que je me souvienne des pâtes au thon.

Je vous ai déjà parlé des innombrables izards vu ensuite et des crêtes magnifiques. Les 2 jours suivants seront très longs et à ne jamais faire par temps de brouillard. Même avec un GPS, je ne suis pas sur que je m’en serais sorti, c’est pour dire.

Voici une photo de mon palace 5 ****

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2 réponses à En vallée d’Eynes

  1. Jean-Claude Barrat dit :

    Salut Gilles,
    Quant on te lit, on a l’impression, et ce depuis le début, que tu es loin, loin…dans un autre monde. Enfin, tu vas en sortir et nous rejoindre.
    A bientôt —

  2. gilles dit :

    Intéressante remarque! Merci

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