A l’origine, nous avions prévu une semaine entière de raquette. Le sort en a décidé autrement et c’est par un dimanche bord de mer que commence la dite semaine. Près du Cap Bear, le romarin est en fleur et déjà les premiers mimosas se sont parés de leur couleur jaune flashy.
Le printemps est là. Moins de 24 heures plus tard, une cabane à moitié recouverte de neige nous accueille à 3 heures de marche du village de Montségur. Les raquettes ne sont pas de trop. Il fait froid, une fine neige a envahie le paysage chassant d’un seul coup d’un seul l’impression de printemps de la veille. Un gros paquet de neige est entré par la cheminée et il nous faudra une heure d’efforts avant que ne crépitent les flammes. Frugal repas quand même arrosé d’un petit Bordeaux (pas vraiment de derrière les fagots donc) et la troupe redescend, Pour ma part, je grimpe un peu plus haut afin de me réchauffer un peu. Une sérieuse bourrasque me dissuadera de poursuivre plus avant. Tempête. Une fois à la voiture, nous hésiterons à visiter le fameux château Cathare avant de poursuivre vers notre lieu de résidence.
A Paquetayre , tout près de Montferrier nous logeons chez Michelle et Michel Thouzery avec qui nous partageons aussi le repas. Il s’y parle de voyages, d’Orient Express, de plantes, et aussi de Mongolie, de Mauritanie et de Maroc. Allez donc faire un tour sur leur site plantes et nomades . C’est étonnant comme l’on peut rencontrer parfois des personnes qui correspondent à nos aspirations du moment. J’ai effectivement, pour diverses raisons, un vrai intérêt pour ces 3 pays. La Mongolie, pour ses immensités, envie de transsibérien aussi, mais ce ne sont que des envies, un attrait sans rien connaitre de ce qui m’attends. C’est la même chose pour le désert en général, une attirance. Justement, Michel et Michelle ont des amis là-bas, organisent des treks aussi et j’ai comme l’impression que nous allons nous revoir. Envie de grands espaces.
Michel et Michelle exposent aussi des tableaux de leur fils. L’un d’eux attire mon attention. Il représente La Marianne brandissant le drapeau avec écrit dessous : Liberté – Egalité – Fraternité *, et un renvoi : * Offre soumise à conditions.
Il est tombé 30 cm de fraiche pendant la nuit, les paysages vont en être amplement transformés et leur intérêt augmenté. Nous allons aux mines de Talk de Montferrier et reviendrons par la cabane de l’Orry. Les arêtes sont remplies de corniches et la descente en poudreuse un est un vrai paradis.
Nous changeons ensuite de vallée pour nous retrouver, à seulement quelques kilomètres de là, mais sur le versant sud juste derrière la station des monts d’Holmes. Très beau cheminement jusqu’au lac d’Appy. La neige fraiche adoucie les formes, provoque des reliefs incertains que nous foulons goulument de nos pas. Nous déjeunerons près de la cabane elle aussi ensevelie au point de ne pas arriver à en dégager la porte d’entrée. Mais le soleil est de la partie, allongeant les ombres et, à quelques jours prêts mes amis auraient pu me chanter Appy… birthday!
La météo est soit disant pourrie ce jeudi quand nous décidons d’explorer la vallée située au-dessus du village de Castellet tout près d’Ax les Thermes. 1200m de dénivelée jusqu’à la cabane du Mouscadou et, si le ciel bleu sera rare cette sortie va nous permettre de tester notre sens de l’orientation. Ca va bien, merci! La trajectoire se devine plus qu’elle ne se voit. Un léger creux dans la neige, un semblant de dépression au milieu de l’immensité blanche qui s’étale dans la forêt. Heureusement les marques jaunes et rouges sont là pour nous rassurer de temps à autres et nous laisser espérer que nous trouverons les 3 cabanes promises…et l’espoir ne sera pas déçu.
Mais, auparavant, les arbres croulant sous la neige vont m’offrir un spectacle auquel je ne m’attendais pas. Déjà, je m’applique à faire une belle trace qui, si elle s’éloigne parfois du sentier, nous permet de contourner tel arbre remarquable, de passer sous une branche chargée de neige ou nous offre une série montées et descentes façon ski de bosses. Je marche seul, loin devant le groupe cherchant la trajectoire idéale afin d’augmenter notre plaisir. Les branches des sapins sont arcboutées sous leur épais manteau blanc. Elles plient parfois jusqu’au sol gênant ma progression et m’obligent à les frapper de mon bâton pour les libérer de leur poids inutile, les faire se redresser, m’ouvrant alors le chemin.
Et c’est là que mon imagination va prendre le dessus. C’est en regardant les branches, allégées de leur fardeau blanc, remonter doucement vers le ciel que change mon univers. Un autre monde s’offre à moi. Les arbres ne sont plus arbres de la forêt, ils sont devenus danseuses Etoiles sur une scène immaculée. Ils en ont la beauté, ils en ont la grâce, ils en ont la blanche douceur. Je m’approche, prépare mon bâton et m’apprête à frapper, délicatement. Le sapin n’est plus sapin. Elle est là, devant moi, dressée sur ses pointes, genoux à peine fléchis, les bras vers le bas relâchés, légèrement à l’écart du corps; le menton est relevé, fier mais doux et attentif. Elle attend me voyant arriver, prête à s’élancer. Au moment précis où mon bâton heurte le dessous de ses branches, elle fléchie délicatement les genoux comme pour s’élancer puis relève les bras vigoureusement. Le mouvement se ralenti ensuite et s’achèvent avec une grâce infinie. Les doigts, d’abord tendus, se relâchent lentement. La neige tombe d’un coup, les bras se relèvent dans un nuage de poudreuse. Le nuage scintille au soleil et se dissipe avec une lenteur calculée. Je m’avance et me baisse un peu afin de pouvoir passer. Je la frôle alors et nos regards se croisent. Elle me sourit. Je continue mon chemin sans me retourner imaginant, espérant même, qu’elle voudrait me suivre. Elle disparait alors et n’est plus, au regard des autres, que sapin encore frémissant. Mais en voici une autre qui m’attend, encore plus gracieuse et lumineuse que la précédente. Et, près d’une heure durant, le ballet va recommencer. Mon imagination me transporte dans ce monde de douceur, sans un bruit, à pas feutrés. Tombe la neige, s’évapore mon rêve.
J’ai réveillé la « Belle au bois dormant » bien avant le « Sacre du printemps » car le « Lac des Cygnes » était encore gelé. Je n’ai aperçu ni « Giselle », ni « Cendrillon » et n’étais pas non plus quelconque « Don Quichotte ». Avec mes coups de bâtons calculés, elles m’auront sûrement pris pour un « Casse-noisette »…
Voilà mes amis, une bien belle « semaine » de raquettes en somme, avec de belles rencontres. Certaines, bien réelles, me promettent des voyages extraordinaires. D’autres me prouvent que tant que je garderai ma capacité d’émerveillement, je pourrais continuer à croire en mes rêves.
Quel beau moment je viens de passer à te lire… j’ai pu aussi voyager par tes mots que je reconnais bien…
Bisous
Merci ma grande fille! J’espère t’avoir transmis les génes du voyage.
Par hasard je suis allé voir ton site … Encore une fois j’ai été émerveillée par tes commentaires et tu m’as fait revivre ce beau séjour et ses bons moments. Merci encore!
Je devine que là bas tu n’as pas de neige mais le soleil comme nous aujourd’hui.
Bon courage , » LA CORSE » n’est pas très loin… Bises de nous deux.
MALOU ALAIN
De temps à autres, j’en pond une nouvelle… va falloir s’y habituer!
Et oui, cette année ça va être: en Mai fait ce qu’île (de Beauté) te plait!
Heureusement que tu nous permet de continuer de rêver
De retour a la maison plain de bruit et d image dans la tête
Envi de voyager de partager
Bises Caro
Oui, la neige dans ces conditions, c’est une sorte de paradis.
Va falloir me raconter la Birmanie à présent. Quelques photos seraient les bienvenues.
BizÔssi
–gilles
Superbes commentaires et belles photos.
Pour la Birmanie (Myanmar), je t’envoie 5 photos (par mail) pour te faire patienter en attendant le diaporama. Dommage que je ne puisse pas les intégrer dans cette réponse pour que tout le monde en profite.
C’est vrai que tout ça donne envie de repartir.
A+
Merci Yves,
Pour la Birmanie, si tu fais un diaporama et le transforme en format Youtube ou équivalent, je mettrais un lien ici.
Sinon, comme vous êtes partis pour voyager…tu n’as plus qu’à ouvrir un blog aussi…
Que de Poésie, cher Gillou, et…ton imagination entraînant la nôtre, quelle femme ne rêverait-elle pas de devenir, un instant éphémère, « Ta Danseuse Etoile »…
Et là je comprends pourquoi j’écris…