Je m’accroche, je m’agrippe, je me cale, je freine !
Ça n’est pas vraiment très raide mais sans les buis, les pierres, les quelques arbres, descendre dans ce couloir qui donne sur le vide serait un peu impressionnant.
Peña Montanessa, Faja Toro.
La direction du couloir est à peine marquée d’une vieille flèche rouge à moitié effacée où l’on devine plus qu’on ne voit les 4 lettres T.O.R.O. Mon altimètre indique 1570. Bernard est déjà venu une première fois et nous a suggéré d’emprunter cette voie. Il cherche un semblant de sentier qui donne la direction générale. Au moment de nous engager dans ce qui parait être le bon couloir de descente, une autre flèche confirme notre choix. Que la fête commence !
En réalité, Véro, Dominique, Jean-Pierre ou moi, restons pour le moins concentrés et un tantinet inquiets… il ne faudrait jamais lire les commentaires sur Internet…
Après 2 culs de sacs dont le fond se trouve 30 mètres plus bas, nous naviguons sur une des trajectoires qui permettent de prendre pied sur la Faja Toro, au bas d’un grand éboulis qui en marque le début.
Près de deux heures durant, nous parcourons ce sentier bien marqué jusqu’au Canal Mayor. Dès le début, nous côtoyons les grands voiliers des airs le long des à pics vertigineux. Les vautours fauves surfent la vague invisible, semblent parfois venir vers nous, toutes serres dehors comme pour nous impressionner. Parade amoureuse peut être tant ils volent près l’un de l’autre semblant former des couples. Ils ondulent, piquent franchement ou bien passent nonchalamment sans plume bouger à notre hauteur et vont se perdre derrière les murailles qui cachent encore notre cheminement
Des bancs de choucas bruyants crient croassent crèvent le ciel, noire vision.
La faja Toro déambule entre rochers, arbres, buissons, coussins de belle mère et buis. Nous rencontrons quelques filets d’eau parfois, encore un peu de neige aussi et quelques fleurs dont les premiers parfums annoncent le printemps. Enfin.
La faja continuera après le Canal Mayor mais nous déciderons de rejoindre la voie normale par une trajectoire où mettre les mains sera parfois utile. Nous serpenterons entre quelques arbres, traverserons quelques patchs de neige avant d’aboutir au niveau de panneaux de bois indiquant les directions et visiblement tout neufs.
De là, atteindre le sommet ne serait que formalité si nous n’avions laissé un peu de jus à parcourir cette élégante trajectoire. Une corniche bien dessinée nous y attend ainsi que 3 étudiants de Lerida profitant d’un jour de relâche sans cours.
La vue y est magnifique vers le Nord-Ouest en direction du Monte Perdido, des Sestrales et du Castillo Major. Presque à nos pieds, vers le sud-ouest s’étend le long et vert lac de L’Ainsa.
La descente se révèlera tout aussi intéressante car nous oublierons vite la voie normale pour emprunter la Faja Alta, autre vire d’altitude mais plus facile à atteindre. A notre grande surprise, elle sera finalement encore plus esthétique que la faja Toro que nous apercevrons de temps à autres en contre-bas la rendant plus impressionnante depuis ce balcon naturel.
Nous retrouverons, non sans mal, la voie normale à l’endroit même où, vers 1600 mètres, elle franchi le premier ressaut.
Il fait chaud à présent et il nous faudra une heure de plus pour rejoindre le véhicule. Retour à Ainsa par l’ancienne route d’accès. Nous partagerons alors une bière conséquente sur la plus grande place médiévale d’Espagne avec Christine et Olivier qui ont fait relâche. En réalité, leur jour de repos aura été du type « Tour de France ». Récupération active avec un petit 900 mètres de dénivelée à comparer à nos 1360.
Cette course, par son esthétique et son caractère se rapprochant des voies d’aventures va sûrement me donner quelques idées …/… à suivre