Le berger me l’avait dit

Il faut être pragmatique. Un berger, c’est pragmatique. La journée avait pourtant bien commencé.

J’avais passé la nuit au sec dans un hôtel. Arrivé la veille au col d’Urkiaga trempé jusqu’aux os, j’avais profité du service offert par l’hôtel 7km plus bas. Ils viennent vous chercher et vous ramènent au même endroit le lendemain.

Malgré la pluie, peu avant 9 heures,  j’attaque vaillamment les 16 kms de l’étape. Non sans plaisir,  j’avale les 2 premières heures sans soucis. On n’y vois rien, ou si peu, ça glisse, je franchis un torrent je ne sais pas comment, mais ça roule.

Bon, vu comment j’ai commencé l’article, vous savez bien que ça va se gâter. Avouez, vous l’attendez la chute. De chute il n’y aura pas, mais galère il y aura. Dans le plat de Sorogain, le panneau du GR11 est douteux (je ne vais pas tarder à l’appeler grrr 11). Après un quart d’heure d’hésitations, passe un berger en voiture. C’est là que je constate que le berger basque se fout éperdument des chemins empruntés par ces espèces de marcheurs bariolés qui n’ont d’autre chose à faire que de courir la montagne. Il ne sait même pas où il est le GR11..il y a bien un chemin pour aller à Burguette mais c’est là qu’il me dit:

« C’est plus facile par la route ».

Hola, il va où lui? C’est que je suis un HRPiste, moi, monsieur. Enfin, je vais le devenir. Il est vrai que pour l’instant, je louvoie pas mal entre le 10, le 11, bientôt les chemins de St Jacques, mais avec un peu d’HRP quand même. Et je finis par retrouver mon chemin!

Un panneau indique 3 heures pour Burguette, autant dire de la rigolade,  même sous la pluie. Je suis super bien et monte sans effort. ..jusqu’à ce que l’altimètre affiche 1111m.

Les sorcières ont dû s’en mêler où je ne sais pas qui, toujours est’il que c’est là que le brouillard m’a cueilli. Mais je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite. La pluie à d’abord redoublé, puis le vent s’y est mis à son tour. Les marques ont commencé à se deviner plutôt qu’à se voir. Un arbre, une barrière, un rocher et puis plus rien.

C’est alors que j’ai dû me montrer pragmatique à mon tour. Quand vous montez dans un avion, la première consigne que l’on vous donne est de repérer l’issue de secours la plus proche. En montagne, si tu ne sais pas où est la dernière balise, tu es cuit.

Je retourne donc à ma dernière balise (balaise quand même, eh?) et commence à décrire des cercles de plus en plus éloignés afin de repérer la suivante. Ça marche par 3 fois mais pas la quatrième. Et je dois me résoudre. Demi tour jusqu’en bas…en espérant que le berger ne me verrait pas redescendre. Il avait raison le bougre, et moi aussi de prendre cette décision. Elle me coûtera 3 heures de marche mais je n’avais aucune envie de passer la nuit en montagne dans ces conditions.

Deux heures après l’avoir passé une première fois, je me trouve à nouveau devant le panneau Burguette 3 heures. Je pris alors pied sur le bitume, il s’agissait de marcher, c’était tout.

Je me mis « Sur la route »

Et je me fis mon Film

Il manquait juste Kristen Stewart

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