Il est des lieux qui possèdent ce je ne sais quoi qui fait que vous avez toujours plaisir à y revenir. Quelques kilomètres après la station de ski du Plan de Beret, vous découvrirez la belle chapelle et le refuge de Montgarri blottis l’un contre l’autre dans une vallée verte et paisible.
Longtemps à l’abandon, ce mini village attire les touristes aussi bien que les randonneurs tant il est facile d’accès et bien situé.
Nous avons passé plus d’une semaine à randonner en étoile depuis ce camp de base voici quelques années. On se sent bien à Montgarri, et les repas sont bien au-dessus de ce que l’on est en droit d’espérer. Certes, il faut carrément se mettre dans la cheminée si on veut avoir une chance que le téléphone passe mais c’est plutôt drôle de voir les gens s’y succéder.
Le patron nous avait fait cadeau d’un bandana que j’ai toujours avec moi et qui fait donc la traversée.
Je me retrouvais seul client au refuge hier soir mis à part un couple d’amis du patron arrivés à moto la veille de Vielha toute proche.
Aujourd’hui, je n’attendais rien de spécial de cette étape. Elle consistait à descendre une piste, suivi d’une route jusqu’à Alos de Isil.
C’est au moment où l’on s’y attend le moins que des choses simples viennent égayer notre chemin.
La météo s’était trompée et le temps était déjà à la pluie quand je commençais à marcher à 8 heures. Mais très vite, les effets de brumes à travers les sapins m’obligaient à lever la tête en permanence. Le sol humide, jonché par endroit des feuilles déchiquetées par l’orage de la veille, baignait les lieux d’une atmosphère douce et agréable.
L’écureuil me surprit par deux fois. Le chevreuil croisa furtivement ma route. Plus loin, alors que j’étais occupé à trouver le bon angle pour photographier des vaches, le goupil s’enfuit tranquillement. Il était chez lui.
Un troupeau de chevaux à la fois craintifs et curieux me barra la route. Apparemment, il suffisait de leur parler. Je ne suis pas allé jusqu’à le faire à leur oreille non plus!
Mais ce temps pluvieux m’obligait à changer à nouveau mes plans. Sans tente ni couchage, je n’avais aucun droit à l’erreur sur les deux étapes suivantes. Je les savais compliquées, avec l’obligation de trouver un refuge non gardé si je ne voulais pas coucher dehors.
Je décidais donc de me rabattre sur le GR11 m’obligeant à parcourir plus de 30 kilomètres dès aujourd’hui.
Mais je repartais de Montgarri avec encore un petit cadeau.
De ces cadeaux plus personnels qui réchauffent le coeur bien plus que tout objet matériel. Hier soir, j’avais sympathisé avec le cuistot, un gars venu de Tchécoslovaquie dont je ne suis pas arrivé à retenir le prénom. Il regardait le contre la montre du Tour de France et était à fond pour Peter Sagan. Nous avions donc convenu d’un petit déjeuner à 7h30.
Mais ce n’est pas lui qui m’accueillit ce matin. C’était Martha.
Grande et belle catalane aux cheveux sombres et légèrement bouclés, elle était déjà affairée dans la cuisine quand je me présentais à l’heure dite.
Un peu surpris, je m’excusais de l’avoir faite lever si tôt pour un seul client.
« Quand on est aussi souriant que vous l’êtes, on ne regrette pas de s’être levée tôt ».
Waouh! D’entrée sur le cul, le Gilles!
Je vais finir par croire que je suis effectivement souriant car c’est la deuxième fois qu’une jeune femme me le dit en 15 jours.
Et on se rend compte à ce moment là combien le dire est important. Nous perdons beaucoup à ne pas dire les choses les plus simples, même à des inconnus. Timidité ou pudeur, je ne sais pas, mais un sourire et un mot gentil changent tellement les rapports entre les êtres et rendent bien plus heureux, bien plus attentif à l’autre.
Nous avons échangé quelques mots, une poignée de main et un petit geste d’au revoir.
Comme dirait Georges C. : « what else? »
En plus le sourire c’est pas cher…bon courage pour la suite, mais si tu dragues t’es pas arrivé!
Hahaha et merci Alain.
Mais comment as tu découvert la vraie raison de mon impasse des 4 jours?