Il y a des boulots comme ça…

Il y a des boulots comme ça qui ne m’attirent pas. Gardien dans un musée par exemple. Trop statique. Planté là toute la journée à voir des personnes défiler, à ne pouvoir se déplacer que de sa chaise au bout de la salle, les bras dans le dos avec un air de circonstance. Remarquez, tout dépend aussi ce que vous gardez. Une sombre obélisque égyptienne ou bien la rare venue d’un vrai pharaon n’a pas la même stature, la même classe. Au mois de décembre dernier, nous visitions, à la Pinacothèque de Paris, une exposition expliquant l’influence du peintre Japonais Hiroshige sur les oeuvres de Van Gogh. Là oui, j’aurais adoré pouvoir, à mon aise prendre le temps de contempler, d’imaginer l’histoire que raconte chaque estampe. Là oui j’aurais eu la sensation de faire un métier valorisant. Je l’apprendrai d’ailleurs à cette occasion, les japonais se comportent différemment des occidentaux devant  une oeuvre. Le tableau doit leur raconter une histoire. Il ne s’agit pas pour eux de regarder l’esthétique mais de comprendre cette histoire, de s’en imprégner.  Ils passent donc beaucoup plus de temps que nous devant une oeuvre.

Moi, ce qui me plairait serait d’être gardien de nuit. Ça doit être bien de garder la nuit. J’aime la nuit, le silence, les étoiles. Mais il paraît que ça n’est pas ça du tout que d’être gardien de nuit. Alors, finalement.

Mais, comme tout le monde, je suis plein d’a priori. Jugez plus tôt.

Le trajet d’aujourd’hui se sera déployé entre les gorges d’Olizarte et celles de Kakouetta. A gorges déployées en quelque sorte (haha). Kakouetta, au nom chantant; présenté comme ça, vous me voyez déjà arriver guilleret à la fin de l’étape. Ben non, à trop vouloir me charger de 1,000 kg d’eau et pas un gramme de plus, je passais à Kakouetta assoiffé alors qu’il me restait encore une grosse heure jusqu’à la fin de l’étape.

Ça ne doit pas être terrible d’être gardienne des gorges de Kakouetta. Moi, gardien, je n’aimerais pas.

Elle m’a juste demandé ce que je voulais boire. Elle savait que j’étais sur le GR10. Je savais qu’elle savait. Nous n’avons pas parlé. Mais elle m’a sauvé d’une fin de journée difficile.

C’est un beau métier que d’être gardien.
Finalement.

Et tout cette histoire, juste pour un Coca…

Ce contenu a été publié dans HRP 2013. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.