L’inter-vous

-Bonjour Gilles

-Bonjour Gilles

-Merci d’avoir accepté cette interview et avant tout, dites-nous un peu comment vous allez?

-Bien merci, mais nous pourrions peut être nous tutoyer, depuis le temps que l’on se connaît!  (rires)

-Haha! Tu es donc à Benasque pour ton jour de repos. C’est un peu le Chamonix des Pyrénées espagnoles, non?

-Oui, belle ambiance montagne effectivement. En plus, je tombe juste sur un championnat international d’échec et il y a beaucoup de monde ce week-end.

-Retour difficile à la civilisation?

-Non pas vraiment. Je viens de marcher 12 jours à la suite et j’avais besoin d’une coupure. Penser à autre chose et reprendre le fil du récit.

-Tu as donc d’abord fait une pause au bout de 6 jours et as attendu 12 jours pour la deuxième. C’était un test?

-Non pas du tout. Je me suis adapté à la venue de Malou,  Alain et Roger. S’ils m’ont soulagé d’une certaine solitude, le poids du sac s’est aussi considérablement allégé. J’ai donc pu tenir plus longtemps.

-Tenir?

-Oui, je m’en suis rendu compte hier soir seulement.  J’ai trop tiré sur la machine.

-Tu as des soucis de quel genre? Musculaires? Articulaires?

-Non, rien de tel, il sagit d’une fatigue générale en fait, je me sens vidé. Côté musculaire, et à mon grand étonnement, je n’ai pas eu la moindre crampe en 3 semaines! Je ne ressens ni douleur ni gêné particulière.  Tous les jours, une fois que le corps sécrète suffisamment de dopamine,  je ne ressens strictement aucune souffrance en montée. Il suffit d’adapter la vitesse afin de mettre le système cardio-vasculaire au bon régime.

-En deux mots?

-Ce sont des enseignements tirés de mon entraînement au Marathon. Selon le régime cardiaque, tu ne puises pas l’énergie de la même façon. Si tu veux habituer ton corps à utiliser au mieux les reserves dont il dispose, les graisses en fait, il te faut adopter le bon rythme.

-Tu as déjà maigris?

-Ouais, je me perds le falze…

-Donc musculairement, ça pourrait le faire?

-Il semble que oui… mais si je continue à me payer des hôtels, c’est financièrement que ça va pas le faire (rires)

-Et le plaisir dans tout ça?

-Pour faire simple et éviter le lyrisme habituel, je le trouve dans une vie au jour le jour. Même s’il me faut composer avec la météo, la neige, le fait d’être seul ou pas, je vis vraiment en pensant que demain sera un autre jour. Un vrai luxe, crois moi.

-Pour finir, parle nous de ton impasse des 4 étapes.

-A l’origine, je n’ai pas voulu passer 4 jours dans la neige du matin au soir. J’adore le faire, et ne m’en prive pas une fois par an, mais je n’en voulais pas lors de la traversée. Et j’ai bien vu hier que mon calcul était le bon. Alain et moi avons dévalé le col de Gistain dans la neige en un rien de temps et sans stress sur les articulations. 500 mètres de dénivelée. C’est exactement pour cette raison que j’étais heureux que les quantités de neige à fin avril soient importantes.

-Mais elle a continué de tomber et…

-Voilà. La deuxième raison est totalement calculée.  J’ai vu que j’accusais un certain retard sur ma progression et l’impasse de 4 jours allait me remettre en selle.

-Donc le terme HRP est un peu usurpé?

-Oui, si tu vas par là, même celui de traversée! Mais bon, j’ai déjà vécu ça et m’en accommode.

-A quelle occasion?

-J’ai aussi fait l’impasse des 4 jours qui m’auraient permis d’arriver au sommet de l’Everest. (rires).

-Je vois que le moral est bon! Je te remercie encore  une fois pour cette inter-vous, Gilles, et vais te souhaiter une bonne continuation… en utilisant le moins possible les moyens de transports mécaniques.

– Ah! Oui bien sûr, mais tu sais bien qu’il est une chose que je ne crains pas vraiment.

-A savoir?

-L’auto… dérision

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